[Portrait d'adhérent] Pierre Robineau, tailleur de pierre
L’atelier Pierre Robineau se situe à Nataloup, sur la commune de Montsauche-les-Settons, au cœur du Morvan, entre le Saut de Gouloux et le lac des Settons.
Pierre Robineau réalise des encadrements de portes et de fenêtres, des cheminées, des dallages, des escaliers, des bordures de trottoirs, des caniveaux, des pavés et toutes sortes d'éléments pour l'aménagement de voirie et de ronds-points, en pierre naturelle.
Sur demande ou suivant son inspiration, il crée des pièces de mobilier, des vasques, des sculptures, etc...
Il exerce en collaboration avec des architectes, des artisans du bâtiment, des communes, des décorateurs d'intérieur et des particuliers.
Il intervient aujourd'hui pour une chirurgie réparatrice du bâtiment ou sur une construction neuve.
Quel est votre métier ?
Tailleur de pierre depuis 1988, j’ai découvert la pierre après une première expérience d’apprentissage en menuiserie.
Je crois que je n’ai pas tout à fait 15 ans quand ma mère me demande la première ce que peut-être pour moi un travail manuel.
Je ne me suis jamais posé la question alors que je vis entouré d’outils, et que j’aime les beaux objets et les trucs bizarres, astucieux, anciens, simples, évidents, colorés.
J’intègre un atelier de menuiserie uniquement parce qu’il est à proximité de mon domicile et que le bois représente peut-être la seule matière connue qui capte un peu mon attention puisqu’elle me plonge dans quelque chose de concret
Mais il me manque quelque chose.
Mon patron est Compagnon du Devoir. Il me parle de son parcours, de son Tour de France, qui, à l’entendre, est la plus grande aventure qui soit.
Je n’y comprends rien et en ai très franchement pas grand-chose à faire. Mais voilà, il a convaincu ma mère.
A eux deux, sans le savoir, ils me font sans le le plus beau des cadeaux.
Non pas que je me sente inspiré par le compagnonnage, ou cette expérience exceptionnelle qui vous pousse sans relâche à tutoyer une perfection qui n’existe pas.
Mais parce que, par bonheur, l’atelier où je suis mes cours est voisin de celui des tailleurs de pierre.
En quelques semaines je les connais tous et je sors du bois jusqu’à ce moment béni où tout s’aligne enfin dans ma cervelle élastique d’adolescent figé.
La matière, les outils, la poussière, qui vole au vent, le soleil, la lune et tous les astres s’alignent dans une géométrie parfaite et je finis par comprendre qu’il a bien fallu un jour quelqu’un pour penser les villes qui nous abritent et les ponts qui nous y mènent.
Le tailleur de pierre est de ces individus qui écrit l’histoire depuis qu’homo-sapiens s’est sédentarisé.
Je change immédiatement de voie et commence un nouvel apprentissage en taille de pierre.
J’ai 16 ans et j’apprends un métier d’Homme capable de déplacer des montagnes.
En 2000, j’atterris depuis Beyrouth où je travaillais, à Vézelay, en Bourgogne.
Je découvre la une région qui exploite depuis toujours ses richesses toutes émergentes de son sol calcaire.
Une région où depuis plus de mille ans, bâtir en pierre fait sens au-delà des frontières, une région importante qui abrite une grande partie du monde des tailleurs de pierre.
Pourquoi la Pierre de Bourgogne ?
Elle est présente et s’adapte à toutes les étapes de la construction, peu importe l’endroit, peu importe l’époque, peu importe le style.
Comme la terre, comme le vin, comme la plupart des éléments installés dessus, comme un porte-voix, comme un matériau vivant, elle alimente le paysage et fait rayonner sa région dans le monde entier.